Le domaine de la chapelle Saint-Bacchi est à la fois un ancien lieu de pélerinage, une chapelle médiévale ornée de peintures murales rarissimes, un domaine privé et une salle de réception et de mariages.

        Le site se trouve entre Jouques et Rians, accessible par la route départementale 561 via une belle allée de pins alignés qui traverse un champ verdoyant.

        Il est considéré depuis l'époque romaine comme un lieu saint doté de vertus miraculeuses. Un temple romain était jadis bâti en ce lieu. Une rivière souterraine coule sous le terrain, à une profondeur inaccessible de quatre-vingts mètres.

        Au Ier siècle après J.-C., un légionnaire romain nommé Bacchi, d'origine syrienne, se convertit au christianisme. Il vint évangéliser la région et finit ses jours en ermite dans ce lieu auquel il a donné son nom.

        Après sa mort, le site devint un lieu de pélerinage et fut le lieu de nombreux miracles de guérison. Au IXe siècle, on bâtit une chapelle à la place du temple romain. Le succès du pélerinage fut tel qu'il fallut agrandir l'édifice plusieurs fois de suite.

        Propriété de l'église locale, la chapelle Saint-Bacchi fut au XVIIe siècle décorée de peintures sur la totalité de ses murs intérieurs. Les images représentaient le personnage de saint Bacchi, des anges et des châteaux imaginaires d'inspiration italienne.

        Au XXe siècle, la chapelle abandonnée tomba en ruines et une grande partie de ses peintures disparut. Dans les années 1920, une famille locale acheta le domaine et s'installa dans les bâtiments qui l'entouraient.

        La toiture effondrée, la nef encombrée de gravats, les murs lézardés et envahis par les plantes, l'édifice était dans un tel état au tournant des années 2000 que ses propriétaires le jugèrent irréparable et décidèrent, à contre-coeur, de le faire démolir.

        C'est alors qu'une société spécialisée dans la restauration des monuments anciens proposa de remettre la chapelle en état. Habituée à travailler pour les monuments historiques, elle s'engageait à la reconstruire conformément à sa situation d'origine. Le marché fut conclu et les personnalités locales s'enthousiasmèrent pour le projet. Après quelques mois d'un sauvetage in extremis, la chapelle retrouva sa splendeur d'antan.

        Le monument restauré fut inauguré en 2005, et en 2007 il commença une seconde vie, qui consista à accueillir des fêtes, des réceptions et des mariages.

         Le bâtiment comporte deux nefs accolées et une extension côté nord. Sous celle-ci se trouve une crypte voûtée dans laquelle d'anciens propriétaires avaient été enterrés. Ces corps reposent désormais à Jouques et la crypte est aujourd'hui vide de tout contenu.

         Ce qui restait des peintures murales fut sauvé, mais on ne put rien faire pour la partie disparue et dont les anciens propriétaires se souvenaient. Aucune trace n'en a été conservée, sauf dans la voûte de l'abside où deux anges habillés de noir avaient été pris en photo. Une belle image peinte du saint subsiste sur la voûte de la nef sud. Elle le représente habillé en centurion romain, tenant dans une main un oiseau et dans l'autre la palme du martyr. Il est entouré des deux personnages qui ont commandé ces peintures et qui sont nommés I.A. Payan et F. Roux.

        L'extrémité de la nef sud contient une alcôve, qui fut creusée et décorée au XVIIe siècle. Au-dessus est taillé un médaillon qui contient l'inscription : "Jouques 1645". Dans cette niche fut placé un buste-reliquaire qui contenait les reliques de saint Bacchi. L'ensemble aurait été rapporté de Rome au XVIe siècle et se trouve aujourd'hui dans l'église paroissiale de Jouques.

        En restaurant le sol de la chapelle, on trouva au pied de l'alcôve une portion de l'ancien dallage de terre cuite. Ces carreaux étaient de deux sortes, les uns teintés en jaune et brun, les autres ornés de représentations de feuillages. Ces motifs émaillés étaient typiques du XVIIe siècle. Ils ont été déplacés lors des travaux et ornent maintenant une cheminée du premier étage.

        A ce niveau sont aménagées des chambres pour loger les mariés et leurs familles. Cette partie a également fait l'objet de remarquables travaux de réhabilitation par les propriétaires qui accueillent la clientèle du domaine.

(Sources doc.: D. Ughetto, comm. pers. ; nominis.cef.fr ; L. Vallaury : "Le sol de la chapelle de Saint-Bacchi". Jouques, un village, son histoire, 2006, p. 197 ; receptions-saint-bacchi.com).