Chapelle
Notre-Dame-de-Pitié
au Val
Voici l'une des
chapelles les plus curieuses de Provence. Dans un virage de la route
D554
entre Brignoles et le Val, elle ne montre du côté de la route
que des murs d'aspect tout à fait anodin. Mais que l'on prenne le
chemin qui passe devant sa façade, et c'est alors la surprise.
Recouverte d'un
enduit blanc, possédant deux portes, la façade est percée de huit
niches décorées de galets et de coquillages. Le fronton central encadre
un bas-relief représentant la Descente de Croix. Les autres niches sont
vides et ont sans doute servi à
contenir des statues.
L'intérieur est tout aussi intéressant, puisqu'il est lui aussi
abondamment
orné de coquillages. De nombreuses niches pleines se remarquent
sur les parois de la nef, où devaient être logés des
tableaux. L'arc triomphal est particulièrement fourni en motifs
alliant peinture et coquillages, et représentant des végétaux
et des vases. Derrière l'autel a été reconstitué
un calvaire, c'est-à-dire un rocher planté de trois croix
portant les outils de la Passion. Une niche centrale contenait sans
doute
une statue de la Descente de Croix, ou Piéta, expliquant le
nom de la chapelle.
Mais que sait-on de l'histoire de cette chapelle, et des raisons qui
ont conduit à la décorer d'une manière aussi particulière ?
Il
semble avoir
existé à l'origine une chapelle plus petite, qui fut agrandie
en 1659. Cette date figure sur la Pietà sculptée à
l'extérieur sur la façade. Un blason est taillé sur
cette oeuvre, et appartient à la famille Barthélemy de Sainte-Croix,
originaire d'Aix. On suppose donc que les travaux ont été commandités
par cette famille, dont une branche habitait le Val. Par ailleurs,
cette
date est aussi celle d'une bataille qui a eu lieu au Val, et où est
mort François Barthélemy de Sainte-Croix.
Dans la partie gauche de la nef est aménagée la tombe d'une
villageoise, Mme Marie Gavotte veuve Verlaque. Décédée en 1674, elle
aurait été inhumée ici à la suite d'un don de 300
livres qu'elle fit au clergé.
Récemment une étude archéologique a été réalisée sur cette
chapelle par un étudiant de l'Université de Nice.
Ce travail contient une description minutieuse de l'édifice, précisant
certains détails tels que : les espèces de coquillages utilisées, la
composition chimique des scories intégrées à la
décoration, les sculptures de la façade, le corps contenu
dans la tombe, les pièces de monnaie trouvées dans le caveau
...
L'ancien chemin qui mène du village à la chapelle est jalonné de
plusieurs oratoires, montrant que l'on s'y rendait en pèlerinage.
Aujourd'hui encore, une procession annuelle a lieu à l'occasion des
professions de foi (ou communions solennelles). Cette construction est
classée Monument historique depuis 2000.
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