Chapelle
Sainte-Madeleine
à Mirabeau
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Cet édifice est bâti juste derrière le pont de la
Durance, sur un
éperon rocheux situé aux abords de la route des
Alpes et surplombant la rivière. Sa construction remonte
au XIème ou au XIIème siècle. Vers 1170 fut construit
à proximité un prieuré rural de bénédictins, qui fut abandonné et ruiné
avant 1343.
Son architecture est très classique : nef à deux
travées, voûte en berceau brisé et abside semi-circulaire. Les nombreux
trous qui marquent sa façade ont servi à mettre en place un auvent
destiné à abriter des pèlerins. Le défilé de Mirabeau fut le siège de
passeurs de rivière ; l'édifice s'appela donc "chapelle des radeliers".
Vers 1260, elle prit le nom de "Sainte Madeleine du Pont de
Canteperdrix", en référence à un premier pont qui fut construit sur la
Durance. Le pont a maintes fois été
détruit, puis remplacé chaque fois jusqu'à
notre époque.
La chapelle fut utilisée comme remise après la
Révolution. Classée cependant monument historique en 1928, elle fut
restaurée en 1948.
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L'édifice a longtemps porté une curieuse inscription, à moitié en
latin et en vieux provençal, qui faisait état d'une
éclipse ayant eu lieu en juin 1239. L'inscription est certainement
bien postérieure à la construction de la chapelle, d'après
le style architectural. Voici le texte qui était gravé sur l'un des claveaux à gauche
de l'entrée :
"Anno domini millesimo ducentesimo
trigesimo nono,
III nonas junii sol obcuratus fuit.
Grada si commensas cofenira.
Oi ben fara, ben (trobara)".
Ce qui signifie :
"L'an du Seigneur 1239,
le 3 des nones du mois de juin, le soleil s'est obscurci.
Réfléchis, prends garde, si tu commences, comment tu finiras.
Qui bien fera, bien (trouvera)".
Cette touchante leçon de
morale peut se comprendre en un temps où les conditions de vie étaient particulièrement
difficiles et les croyances très vivaces. Dans ce contexte, une éclipse a peut-être
provoqué un certain émoi dans la
population. On aurait ensuite voulu garder mémoire de l'évènement en
l'inscrivant sur les pierres d'un sanctuaire.
Le texte relevé par des témoins au XIXe et au XXe
siècle a aujourd'hui disparu, victime sans doute de l'érosion ou du
vandalisme. En observant attentivement l'une des pierres, on croit
pouvoir deviner le cadre qui l'entourait et la surface usée où il
figurait.
Après être
restée longtemps à l'abandon, la chapelle Sainte-Madeleine est
aujourd'hui utilisée par
l'église orthodoxe. Depuis 2016, la communauté grecque y célèbre la divine liturgie.
(Cliché vue intérieure : J.-P. Banet. Sources doc.: R.
Bailly, "Chapelles de Provence : origines, architecture, croyances",
éd. Horvath, Le Coteau 1988 ; http://www.culture.gouv.fr/documentation/memoire ; https://www.youtube.com/watch?v=KjLCwt4KnP8).
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