Chapelle
Notre-Dame-de-l'ortiguière
à Revest-du-Bion

Au
milieu des vastes prairies du plateau d'Albion, cette très
intéressante chapelle est
implantée
près de la route D218 qui relie les villages de Saint-Christol
et de Revest-du-Bion. A l'époque de sa construction au
XIIIème siècle,
le plateau était entièrement boisé. Il fut
défriché par les moines bénédictins de
Villeneuve-lès-Avignon à des fins d'exploitation
agricole. Plus tard la région fut ravagée par la
peste et le brigandage, mais elle se repeupla néanmoins au
XVIème siècle.

Bâtie au
XIIIème siècle, la chapelle fut d'abord appelée
"Notre-Dame-de-la-forêt-d'Albion", nom qui figure dans un
document de 1272. Elle fut détruite en 1392 par les bandes
armées de Raymond de Turenne. En 1665 toutefois, elle fut
reconstruite à la suite de l'étonnante découverte
d'une statue de "Vierge noire rayonnante de lumière", dans les
orties qui envahissaient ses ruines. C'est de là que vient le
nom de l'Ortiguière. Bientôt des miracles furent
signalés, comme par exemple la guérison de Madeleine Maurel en 1671,
femme d'un maçon de Sault, qui fut délivrée d'une grave paralysie.
L'évènement fit l'objet d'un procès-verbal dressé par le notaire
Antoine Bouchony.
La
tradition rapporte également un curieux
phénomène, appelé
"répit" ou "suscitation" : les enfants
morts-nés qui étaient présentés dans cette
chapelle reprenaient vie ou
bénéficiaient d'un sursis suffisant pour pouvoir
être baptisés de leur vivant. Ce phénomène a été enregistré
de nombreuses fois aux XVIème et XVIIème
siècles. Le même
genre de faits est rapporté à propos d'autres
sanctuaires de la région, comme la chapelle Notre-Dame-de-Beauvoir à
Moustiers-Sainte-Marie.

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Sous la Révolution, la Commission populaire d'Orange
fit
partiellement démolir le sanctuaire, mais il fut restauré
après le Concordat. La statue de la Vierge noire disparut au
XIXème siècle, probablement volée. Au
XXème siècle,
l'Armée de l'Air implanta à proximité ses missiles nucléaires,
aujourd'hui
démontés, dont on voit encore les terrains
clôturés non loin de la
chapelle. Aujourd'hui, le
sanctuaire de propriété communale est géré
par
l'association
"Alpes de Lumière", l'ermitage ayant été depuis
2005 transformé en gîte confortable pour les
excursionnistes.

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L'intérieur de l'édifice est constitué
de deux parties, la chapelle proprement dite et l'ermitage qui la
prolonge, daté de
1665. Celui-ci comprend au rez-de-chaussée une salle à
manger avec cheminée, et au premier étage deux chambres.
Quant à l'église, elle renferme face à
l'entrée latérale, une nouvelle
statue de la Vierge en pierre blanche. Le choeur est doté d'une
superbe voûte en croisée d'ogives,
supportée par quatre chapiteaux
sculptés en forme de têtes humaines. Etrangement, ces
derniers motifs se rattachent à la mythologie scandinave, cas
unique et inexpliquable en pays méditerranéen.

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(Sources doc.: notice affichée à
l'intérieur de l'édifice ; R. Bailly, "Chapelles de
Provence.
Origines, architecture,
croyances", Editions Horvath, Le Coteau 1988 ; G. Barruol et J.-M.
Rouquette, "Itinéraires romans en Provence", Ed. Zodiaque, La
Pierre-qui-Vire 1992 ; E. Bousquet-Duquesne et H. Le Gac, "Chapelles
de Provence", Itinéraires de découvertes, Ed.
Ouest-France, Rennes 2009 ; S. Panarotto, "Chapelles de Provence",
Edisud patrimoines,
Aix-en-Provence 2007 ; P. Verlinden, "La Provence chrétienne",
Ed. les
Sept collines, Marseille 2005 ; http://revestdubion.pagesperso-orange.fr/patrimoine/ortiguiere.htm).
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