Chapelle
Saint-Blaise
à
Saint-Mitre-les-Remparts
Se rendre à Saint-Blaise, c'est partir à la découverte d'un site
archéologique exceptionnel qui surplombe les étangs de Citis et de
Lavalduc. Au sommet d'une petite falaise, s'étendent les importants
vestiges d'une ville remontant au VIIème siècle av. J.-C.
L'occupation de cette cité
commence avec l'installation de comptoirs étrusques. Délaissé au Vème
siècle av. J.-C., le site est reconstruit au IIIème sous la dépendance
de Massilia. Il s'appelle alors Mastrabala
; c'est à cette époque qu'est construit un imposant rempart
grec de très gros appareil. Puis le site est encore démantelé
au Ier siècle de notre ère, puis à nouveau occupé
à partir du IVème sous le nom d'Ugium. Déserté
au IXème siècle, le site est réoccupé en 1231
à l'initiative de l'archevèque d'Arles ; le rempart est
reconstruit et la bourgade s'appelle désormais Castelveyre. La cité
est définitivement abandonnée en 1394, ravagée par
les bandes armées de Raymond de Turenne.
Le lieu a été
fouillé durant le XXème siècle, et en particulier
à partir de 1934 sous l'impulsion de l'archéologue Henri
Rolland ; la dernière campagne de fouilles date de 1984.
La chapelle Saint-Blaise se trouve à quelques mètres de l'entrée du
site archéologique. Devant elle subsistent les fondations d'une autre
chapelle plus ancienne, remontant au Xème siècle et elle-même
reconstruite
au XIème. Dédiée à saint Vincent, cette construction antérieure fut
sans doute délaissée à cause
de sa petite taille, au profit de la chapelle actuelle.
Celle-ci est un
édifice roman construit au XIIème siècle. Elle est
en effet mentionnée en 1156 dans une bulle du pape Anastase IV. Appelée
à l'origine Notre-Dame-de-Castelveyre, elle fut en outre dédiée
à saint Blaise vers le XIIIème siècle. Ce fut l'église
paroissiale de Castelveyre jusqu'à l'abandon définitif du
village ; après cela elle fit office de petit prieuré rural,
gardé par un ermite. Remaniée au XVIème siècle, la chapelle fut
restaurée au XIXème avant d'être classée monument historique en 1939.
En 1970 y fut enterré l'archéologue Henri Rolland, conformément à son
souhait. En outre, à l'intérieur de l'enceinte de la cité, il existe
encore les
ruines d'une troisième chapelle, d'époque paléo-chrétienne.
Sur l'édifice qui nous intéresse, on admirera les arcs sculptés
surmontant les deux entrées, les puissants contreforts verticaux,
l'abside
semi-circulaire, le clocher-arcade et les restes d'un ancien bâtiment
intégré à la chapelle.
Le
nom de Saint-Blaise que porte la chapelle, s'étend aujourd'hui à
l'ensemble du site. Ce nom se réfère à un évêque de Sébaste, qui vécut
en Arménie au temps des grandes persécutions. D'abord médecin, Blaise
se retira dans la forêt, puis fut arrêté sous l'ordre de l'empereur
romain Liccinius, et jeté en prison. Il y opéra des miracles telles que
des
guérisons, mais fut finalement condamné à être
écorché vif puis décapité en 316.
(Clichés : J.-P. Banet.
Sources doc.: Guy Barruol : "Itinéraires romans en Provence", éd.
Cherche-Midi, Paris 1994. R. Bailly : "Chapelles de Provence. Origines,
architecture, croyances", éd. Horvath, Le Coteau 1988).
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